Lorsque la baronne Ephrussi de Rothschild organisait des fêtes, au début du XXème siècle, toute l’élite mondaine de la Riviera se pressait sur la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat pour investir sa luxueuse villa. Ce temple du raffinement sera accessible au public 18 et 19 octobre 2014.
Lieu de villégiature de tout ce que l’Europe et l’Amérique du Nord comptent de plus élégant et de plus fortuné, le Cap Ferrat est choisi en 1905 par la Baronne Ephrussi de Rothschild pour édifier l’une de ses « folies » architecturales. Lorsqu’elle découvre ce terrain en 1906, Béatrice a le coup de foudre pour la beauté du lieu. Ce n’est pourtant encore qu’un rocher aride traversé par un sentier muletier. Lorsqu’elle apprend la mise en vente du terrain, également convoité par le roi des Belges Léopold II, elle l’achète immédiatement. Les travaux commencent en 1907 et dure cinq ans. Béatrice Ephrussi se montre particulièrement difficile. Elle refuse les projets soumis par une dizaine de grands architectes, les considérant comme des « imbéciles ».
Ainsi, les projets de Claude Girault, architecte du Petit Palais ou encore Henri-Paul Nénot, grand prix de Rome et concepteur notamment de la nouvelle Sorbonne sont écartés. On retrouve donc aux commandes de ce chantier l’architecte Jacques-Marcel Auburtin qui satisfait scrupuleusement tous les souhaits de la dame. Il est assisté par Aaron Messiah, un architecte niçois qui construira par la suite plusieurs villas pour l’aristocratie. Grâce aux marchands et experts dont elle a su se faire des amis, la Baronne Ephrussi de Rothschild a fait de sa villa une demeure de collectionneur où porcelaines, tableaux de maître et mobilier se côtoient.
Sa devise : «l’art est l’honneur de la patrie »
Au milieu du XIXe siècle, la famille Rothschild est déjà connue pour la qualité des collections rassemblées par plusieurs de ses membres. Béatrice hérite de ce goût pour les belles choses et en fera sa devise « l’art est l’honneur de la patrie ». Son goût ayant été nourri aux meilleures sources, Béatrice meuble sa villa dans le plus parfait style Rothschild, c’est-à-dire avec le meilleur de chaque époque, même si l’harmonie n’est pas toujours évidente. Elle achète sans compter meubles signés, tapis d’Aubusson et de la Savonnerie, tableaux de Boucher, de Lancret, croquis et esquisses de Fragonard, tapisseries des Gobelins, services de porcelaine de Sèvres… mais aussi des œuvres d’art médiéval et Renaissance et des objets venus d’Extrême-Orient, ce qui constitue une collection très éclectique.
Elle meuble sa villa directement à la gare de Beaulieu. Le train de la Compagnie de chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée, dont la famille Rothschild était actionnaire, arrivait de Paris chargé de mobilier, d’œuvres et d’objets d’art. Elle choisissait alors sur le quai les œuvres d’art destinées à la Villa Ephrussi. Les autres partaient pour sa villa de Monaco.
À sa mort, Béatrice lèguera plus de 5 000 œuvres d’art à l’Académie des Beaux-Arts.
Plus d’infos sur www.villa-ephrussi.com