Heureux mariage de l’architecture et de la nature

En pleine campagne, entre Angers et Saumur, se cache un château discret au charme raffiné posé au sein d’un cadre de verdure exceptionnel. Bâti au XVIème siècle et remanié au XVIIIème, cet ensemble architectural totalement délaissé, a été repris par les propriétaires. Après plus de treize ans travaux, l’édifice a pu retrouver une apparence proche de celle qu’il avait au XVIIIème, ses propriétaires ayant réussi à insuffler une ambiance harmonieuse à ce lieu unique.

Les jardins, qu’ils soient à la française ou d’inspiration Renaissance, ont entièrement été reconstitués par les propriétaires. Les parterres et les allées plantées d’arbres composent un harmonieux ensemble qui confère au domaine une grand part de sa majesté retrouvée.
Les jardins, qu’ils soient à la française ou d’inspiration Renaissance, ont entièrement été reconstitués par les propriétaires. Les parterres et les allées plantées d’arbres composent un harmonieux ensemble qui confère au domaine une grand part de sa majesté retrouvée.
Arbustes taillés en cônes, petits buissons de buis finement ciselés… Tout a été étudié, ici, pour se détendre un moment, un livre à la main.
Arbustes taillés en cônes, petits buissons de buis finement ciselés… Tout a été étudié, ici, pour se détendre un moment, un livre à la main.

Construit au XVIème siècle, ce château privé a su garder toute son élégance angevine, à laquelle a été rajoutée une superbe façade XVIIIème agrémentée de quatre lucarnes baroques ornées de têtes et de roses. C’est à la même époque, qu’au sein du domaine, a été édifiée une chapelle ornée d’un retable exceptionnel et intégralement restaurée.

Pour garder à ce décor paysager toute sa beauté, les propriétaires consacrent à son entretien plusieurs heures par semaine.
Pour garder à ce décor paysager toute sa beauté, les propriétaires consacrent à son entretien plusieurs heures par semaine.

Après la Révolution, le logis perdra sa fonction de résidence d’agrément et deviendra un domaine agricole. Un peu plus tard, seront construits les bâtiments qui aujourd’hui referment la cour avant, la grange au très beau toit pyramidal ainsi que les communs datés de 1825. Au Second Empire, la demeure passe entre différentes mains. Très vite, des dissensions apparaîtront au sein de l’indivision des propriétaires, qui se soucient peu de l’édifice, qui est laissé à l’abandon.  Les actuels propriétaires prennent possession du château en partie en ruine. A l’époque, las de l’agitation de la vie parisienne et de la pollution, ils décident de tout  » plaquer  » pour se mettre  » au vert « .

Ce salon décoré chinoiseries dans l’esprit XVIIIème a été entièrement peint à la main. Au fond, posé sur la console, le bouddha birman et le miroir sont XVIIème et ont été chinés  aux Puces de Saint-Ouen. Fauteuil montgolfière Régence. Cheminée en bois XVIIIème. Au centre, sur la table, on aperçoit sur la droite une petite pendule cage XVIIIème.
Ce salon décoré chinoiseries dans l’esprit XVIIIème a été entièrement peint à la main. Au fond, posé sur la console, le bouddha birman et le miroir sont XVIIème et ont été chinés
aux Puces de Saint-Ouen. Fauteuil montgolfière Régence. Cheminée en bois XVIIIème. Au centre, sur la table, on aperçoit sur la droite une petite pendule cage XVIIIème.
Un véritable havre de paix
Dans ce salon, la décoration est superbe et le faux marbre omniprésent sur les boiseries et la cheminée.
Dans ce salon, la décoration est superbe et le faux marbre omniprésent sur les boiseries et la cheminée.

Pour trouver leur nouveau lieu de villégiature, ils visitent une foule de biens en Normandie et dans le Val de Loire, pour finalement tomber sous le charme de cette merveilleuse bâtisse, entourée de verdure et adossée à un bois. C’est là, qu’ils décident d’élire domicile et de poser leurs valises, sans mesurer l’ampleur du chantier qu’ils auront à assumer. Une fois sur place, ils tentent de rassembler des documents évoquant le passé du château et de ses propriétaires. Celui-ci, aurait dit-on, appartenu à d’importants ecclésiastiques qui auraient conservés des liens avec l’Italie. Les recherches restent infructueuses, car trouver l’origine de cette maison c’était un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin !

La grande bibliothèque a été conçue et réalisée par les propriétaites. Au sol, les tommettes sont d’époque XVIIIème.
La grande bibliothèque a été conçue et réalisée par les propriétaites. Au sol, les tommettes sont d’époque XVIIIème.
Dans un coin de la bibliothèque, cet autoportrait de Lionel Royer a été acheté à l’hôtel Drouot.
Dans un coin de la bibliothèque, cet autoportrait de Lionel Royer a été acheté à l’hôtel Drouot.

Loin de se décourager et après bien des démarches, ils finissent par tomber sur des archives évoquant un certain abbé  Dubuisson décédé en 1786 et dont le mobilier fut vendu aux enchères à Angers. Sur des affiches de l’époque on pouvait également lire :  « On trouve des plantes de toutes espèces et de très beaux orangers ». « La présence des plantes exotiques au XVIIIème nous a tout de suite fait penser que ce lieu avait du être autrefois raffiné »   explique les propriétaires. La lecture de ces vieux papiers sera pour eux le début d’une grande et belle aventure… En effet, c’est à ce moment là, qu’ils décideront de rendre à cet ensemble architectural, l’image que l’on se fait d’une demeure de l’époque dans laquelle tout est décoré avec goût  et où on cultive un savoir-vivre « vieille France « .

 Un chantier titanesque
Cette chambre a été baptisée " Cybèle ", prénom de l’héroïne de la tragédie lyrique " Athys " que composa en 1646, Jean-Baptiste Lully, un opéra baroque très apprécié. Le tissu à motifs " vigne " habille murs et baldaquin, tandis que les poutres ont été repeintes dans un ton vert tendre. A gauche, l’armoire composée de deux meubles mis côte à côte a été réalisée à la main. A été déposé au-dessus de celle-ci, un bicorne d'officier dans la Marine. Les aquarelles ont été chinées. A droite, le fauteuil est XVIIIème.
Cette chambre a été baptisée  » Cybèle « , prénom de l’héroïne de la tragédie lyrique  » Athys  » que composa en 1646, Jean-Baptiste Lully, un opéra baroque très apprécié. Le tissu à motifs  » vigne  » habille murs et baldaquin, tandis que les poutres ont été repeintes dans un ton vert tendre. A gauche, l’armoire composée de deux meubles mis côte à côte a été réalisée à la main. A été déposé au-dessus de celle-ci, un bicorne d’officier dans la Marine. Les aquarelles ont été chinées. A droite, le fauteuil est XVIIIème.
Délicieuse et douillette la salle de bains a elle aussi été peaufinée dans ses moindres recoins. La baignoire à griffes d’aigle a été recouverte du même tissu que celui posé sur les murs. Elle est coiffée d’un grand baldaquin avec des tentures motifs " muguet " (Laura Ashley). Devant la fenêtre, on aperçoit une fontaine en plâtre, entourée d’une collection de flacons de parfum. Le meuble de toilette a été chiné dans une brocante de la région. Au-dessus sont accrochées deux lithographie " Toulouse Lautrec " représentant l’art du bain.
Délicieuse et douillette la salle de bains a elle aussi été peaufinée dans ses moindres recoins. La baignoire à griffes d’aigle a été recouverte du même tissu que celui posé sur les murs. Elle est coiffée d’un grand baldaquin avec des tentures motifs  » muguet  » (Laura Ashley). Devant la fenêtre, on aperçoit une fontaine en plâtre, entourée d’une collection de flacons de parfum. Le meuble de toilette a été chiné dans une brocante de la région. Au-dessus sont accrochées deux lithographie  » Toulouse Lautrec  » représentant l’art du bain.

Tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, le chantier est titanesque.  » Nous avons été obligés de tout repenser tranquillement. Si nous étions allés trop vite, et si nous avions fait appel à des entreprises, la maison n’aurait pas retrouvé sa véritable âme. A l’intérieur, seules restaient les cheminées et les portes XVIIIème. Nous avons tout refait, du sol au plafond, en avançant bien souvent à tâtons, en apprenant à nos mains des activités pour lesquelles elles n’avaient pas été formées  » poursuit le propriétaire qui a fait Sciences Po ! Au fur et à mesure que le chantier avance et que la maison se transforme, nos deux ouvriers-châtelains, décident de réaliser une partie de leurs rêves les plus fous : un salon en faux marbre, un autre décoré de chinoiseries dans l’esprit du XVIIIème… Quoi, de plus normal, après tout, puisqu’ils avaient, comme nous l’évoquions ci-avant, décidé de tourner la page et de vivre différemment. A l’extérieur, ils veulent que le parc retrouve la splendeur qu’il avait au XVIIIème siècle. Pour cela, ils compulsent livres anciens, visitent des jardins… pour s’inspirer et recréer un exceptionnel écrin de verdure.

Les murs de la chambre ont été tendus de toile de Jouy bleu, tout comme le baldaquin. Ce véritable écrin a été minutieusement décoré. Sur les chevets style XVIIIème sont posées des lampes avec des pieds " grappes de raisin " avec abat-jour en soie noire. A droite, la commode est XVIIIème et le portrait XIXème.
Les murs de la chambre ont été tendus de toile de Jouy bleu, tout comme le baldaquin. Ce véritable écrin a été minutieusement décoré. Sur les chevets style XVIIIème sont posées des lampes avec des pieds  » grappes de raisin  » avec abat-jour en soie noire. A droite, la commode est XVIIIème et le portrait XIXème.
800 arbres ont été plantés
Les marches de l’escalier en vis XVIème sont en ardoise et pierre de tuffeau, ce qui est assez rare.
Les marches de l’escalier en vis XVIème sont en ardoise et pierre de tuffeau, ce qui est assez rare.

Après avoir été maçons, carreleurs, peintres, tapissiers, menuisiers…., ils se transforment en paysagistes. Ils replantent 800 arbres et arbustes pour structurer les jardins, creusent des bassins, installent des fontaines et statues en pierre et des gloriettes en bois. Ils conçoivent une cour d’honneur dite la  » Cour des Sphinges  » avec un parterre brodé de buis et de santoline, des caisses à la versaillaise, des cyprès, pour mettre en valeur la façade XVIIIème et ses très belles lucarnes baroques. Quant à la façade arrière angevine du XVI siècle avec sa tour, elle retrouve sa fière allure grâce aux quatre jardins Renaissance qui se succèdent. Une terrasse meublée de caisses à orangers domine cette enfilade de petits jardins ornés de topiaires, de colonnes de charmes et d’une roseraie composée de cent cinquante variétés de rosiers anciens. Aujourd’hui,  les   propriétaires profitent de ce havre de paix et  peuvent être fiers de leur travail, car sans eux, jamais ce château n’aurait pu retrouver ses lettres de noblesse.

Laure Pierre, photos de Richard Dargent