Stuart Haygarth : Il redonne vie aux objets oubliés

Stuart Haygarth © Courtesy Carpenters Workshop Gallery
Stuart Haygarth © Courtesy Carpenters Workshop Gallery

Pour parler du travail de Stuart Haygarth, originaire du nord de l’Angleterre, il faut invoquer la force de sa perception.

Créateur d’exception, il commence son parcours comme photographe. De 1988 à 2003, il se consacre à la production d’images en studio, il aborde la nature morte, il compose ses sujets à la manière d’un marionnettiste. Il évoque volontiers une référence à la poésie de l’artiste américain Joseph Cornell. Sa pratique est rythmée par des images et des collages pour des couvertures de livres, pour des magazines ou pour des agences de création graphique et publicitaire. La lumière a toujours jouée un rôle primordial dans sa pensée créative, et tandis que ses projets ont fréquemment été construits autour d’objets, ses premiers travaux étaient en deux dimensions.

© Courtesy Carpenters Workshop Gallery
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En 2003, il tourne la page et décide d’investir la troisième dimension. La sculpture devient alors son nouveau champ d’exploration. Avec la même méticulosité, il trace un chemin inattendu qui trouve son expression dans la récupération et l’assemblage d’objets. Naturellement la lumière qu’il sait si bien moduler vient s’associer à l’expérimentation. Le talent du photographe associé à une recherche de designer engage une production chargée de sens, une réécriture du réel. Ses influences prennent source notamment dans l’usage que le mouvement surréaliste faisait de l’objet usuel, ou encore dans le mouvement pop et les nouveaux réalistes, ainsi que des références plus récentes encore. Artiste ou designer, finalement peut lui importe.

© Courtesy Carpenters Workshop Gallery
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Ses objets ne sont pas produits en large série ; au contraire chacune de ses éditions très limitées est précisément construite et réalisée à la main, rendant chaque pièce unique. Il fonde ses projets sur la narration, et chaque corps d’œuvre révèle une observation singulière. Avec Sharp Project (2003-2006) il se réapproprie les objets confisqués à l’embarquement des vols de la compagnie British Airways, l’iconique Tide Chandelier (2005) exprime sa volonté de réutiliser les objets de plastique cassés et rejetés sur la plage après les marées à Dungeness. Le «work in progress» file selon une méthode bien précise. Il collectionne, classe les pièces d’un grand puzzle en 3D fondé sur le choix et l’assemblage. Le matériau qu’il soit kitsch, cassé, ramassé prend la forme d’un répertoire organisé sous deux entrées, la couleur et la fonction.

© Courtesy Carpenters Workshop Gallery
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Son intérêt pour les objets négligés, les objets trouvés, se justifie par l’envie de leur donner une nouvelle vie, une nouvelle histoire. Cette pensée évolutionniste hybride et transversale, alliée à la lumière, métamorphose paradoxalement le banal, en lustres, pièces de mobilier et installations, tous extraordinaires et précieux. Exposition Stuart Haygarth du 8 février au 10 mai 2014, Carpenters Workshop Gallery, 54, rue de la Verrerie, 75004 Paris.

Pour en savoir plus www.facebook.com/carpentersworks

© Courtesy Carpenters Workshop Gallery
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