À l’ombre des jeunes filles en fleurs…

Château Les Bruyères 01 mdLe Château Les Bruyères se dresse au beau milieu d’un parc de dix hectares dans le Pays d’Auge. Il fut bâtit sous l’Empire par une vicomtesse, et accueillait régulièrement l’écrivain Marcel Proust lorsqu’il venait en cure à Cabourg. Un lieu magique qui lui inspira  » A l’ombre des jeunes filles en fleurs ». Aujourd’hui, Michèle et Philippe Harfaux sont les hôtes de cette demeure paisible, et tous deux sont animés d’une passion commune : l’art sous toutes ses formes.

Cette allée imposante bordée de hêtres et de châtaigniers mène aux marches d’honneur du château.
Cette allée imposante bordée de hêtres et de châtaigniers mène aux marches d’honneur du château.

Au détour d’une route, à la sortie de Cambremer dans le Calvados, s’ouvre une large allée encadrée d’arbres majestueux : érables, châtaigniers, séquoia, tulipiers de Virginie, qui ont été plantées entre 1850 et 1910. Les chevaux, en liberté dans la prairie bordant l’allée, vous accompagnent vers le Château bâti en longueur et peu profond. A droite de la bâtisse, on devine la présence d’une piscine entourée d’une terrasse fleurie. A gauche, le Manoir XVIIIème discret prolonge le château et s’ouvre sur un jardin ombragé agrémenté d’un salon accueillant en fer forgé. On imagine sans peine les séjours de Proust, alors en cure à Cabourg, dans ce décor naturel raffiné, enclave de paix propre à l’inspiration.

Château Les Bruyères 02 md (1)La décoration vit et bouge au fil du temps

L’impression imposante de l’architecture 1er Empire s’efface très vite dès qu’on franchit le seuil. En effet, on se retrouve immédiatement enveloppé dans une atmosphère chaleureuse aux volumes accueillants. L’entrée feutrée et rassurante  où règne le bois sombre, est rapidement éclairée par l’arrivée dans une grande salle à manger  baignée de lumière par ses baies ouvrant sur le jardin face au parc et au vieux pressoir du XVIIIème siècle.

Des objets rares chinés à travers le monde
La table a été fabriquée avec une dalle en verre de 320 x 125 cm et des pieds en marbre extraits des carrières royales de Sarrancolin (Hautes-Pyrénées), déjà exploitées sous Louis XIV. Le Sarrancolin est une brèche aux couleurs luxuriantes utilisées jadis dans les palais, églises et autres monuments.Tentures Rubelli et jarres chinoises de la dynastie des Qing (1644 – 1911).
La table a été fabriquée avec une dalle en verre de 320 x 125 cm et des pieds en marbre extraits des carrières royales de Sarrancolin (Hautes-Pyrénées), déjà exploitées sous Louis XIV. Le Sarrancolin est une brèche aux couleurs luxuriantes utilisées jadis dans les palais, églises et autres monuments.Tentures Rubelli et jarres chinoises de la dynastie des Qing (1644 – 1911).

Philippe et sa femme Michèle sont tous deux passionnés pour les arts. Ainsi, la décoration du château vit et bouge au fil des rencontres : avec un objet, un guéridon, une applique, une toile, une aquarelle, une sculpture, une étoffe, un tapis. Chaque pièce à sa propre identité. Dans le petit salon réchauffé par une cheminée, les boiseries habillent les murs et l’œil est attiré par une collection de porcelaines de l’époque Ming ou une vitrine protégeant des sculptures chinoises anciennes tirées de racines de buis. Les chambres sont aussi toutes décorées dans un esprit différent : faste d’un lit à baldaquin, style néo-victorien… avec un mobilier original, des objets uniques et chinés au fil des années.

Ce cheval de manège, qui a gardé sa queue en crin, a été chiné dans les années 60. Il s’agit d’une pièce authentique de fête foraine qui date de la fin XIXème.
Ce cheval de manège, qui a gardé sa queue en crin, a été chiné dans les années 60. Il s’agit d’une pièce authentique de fête foraine qui date de la fin XIXème.
Chaque pièce à sa propre personnalité
Mobilier Louis Philippe pour cette chambre avec lit à baldaquin et poutres apparentes d’origine. Meubles chinés au hasard de brocantes ou achetés aux enchères comme le tableau représentant une marine avec son cadre d’époque 1870 au dessus du lit. Tapis iraniens au sol, et murs laqués satinés. Tissus Madura. Lampe en bronze fin XIXème chinée. Tableau d’Alain Delsalle.
Mobilier Louis Philippe pour cette chambre avec lit à baldaquin et poutres apparentes d’origine. Meubles chinés au hasard de brocantes ou achetés aux enchères comme le tableau représentant une marine avec son cadre d’époque 1870 au dessus du lit. Tapis iraniens au sol, et murs laqués satinés. Tissus Madura. Lampe en bronze fin XIXème chinée. Tableau d’Alain Delsalle.
La piscine a été construite à la place de l’ancien potager. Elle est entourée de murets en pierre du pays. Chaise de planteur d’origine sud est asiatique datant de 1880, chinée à la braderie de Lille.
La piscine a été construite à la place de l’ancien potager. Elle est entourée de murets en pierre du pays. Chaise de planteur d’origine sud est asiatique datant de 1880, chinée à la braderie de Lille.

Inspiré par les lieux, Philippe décide il y a quelques années de vendre ses sociétés de conseil immobilier et de faire de son hobby, la cuisine, un métier. En effet, lorsque son travail le lui permet, il consacre tout son temps à mitonner de bons petits plats comme d’autres font du tennis le week-end. C’est un plaisir, un loisir, qu’il pratique assidûment. Ses amis ne se lassent pas de l’encourager à ouvrir sa propre table. En 2003, le châtelain devient chef de cuisine et réalise son rêve. Il aménage un potager bio comportant près de 120 espèces, il cultive légumes oubliés, plantes aromatiques introuvables sur les marchés, confectionne ses confitures avec les fruits rouges du verger et fait même créer une pommeraie, qui promet quant à elle une première dégustation du cidre du Château d’ici deux ans. Cette élégante maison est un lieu attachant, tout autant que la famille Harfaux qui est animée par la passion de faire partager son amour de la nature, sa curiosité pour les arts, mais aussi ses goûts culinaires… Le Château des Bruyères, c’est en effet, tout cela à la fois.

Par Laure Pierre – Photos Christophe Bielsa et Heliophot